Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai… quels sont MES préjugés !!!
J’adore cette tournure de phrase qui derrière une noble intention (conseiller, aider ?) cache une légère envie de juger, voire d’enfermer dans des cases !
Passons, on va l’utiliser malgré tout car oui qui je fréquente peut en dire long sur moi, mes biais, mes croyances, mes peurs…
Rester entre amis d’enfance, dans des lieux familiers, avec des gens connus semble pourtant évident, facile et surtout bien pratique on en convient.
Et à la fois on le sait tous : se limiter à un petit cercle de relations, c’est passer à côté de la richesse du monde, de la mixité sociale et de l’altérité. S’ouvrir, être curieux, c’est bien plus qu’un simple concept à la mode, c’est une nécessité pour notre santé mentale !
Ouvrir ses portes à l’inconnu, c’est accepter de se frotter à des idées différentes, de rencontrer des gens qu’on n’aurait jamais croisés. Et devinez quoi ? Ça peut changer votre vie : la lecture de “La Rencontre” de Charles Pépin en parle fort bien d’ailleurs (certainement le livre que j’ai le plus offert dans ma vie !!)
L’entre-soi c’est naturel… mais vite ennuyant, étouffant et limitant
Le biais de confirmation, vous connaissez ? C’est lui qui nous pousse à fréquenter surtout ceux qui valident nos idées. Facile, confortable, mais incroyablement limitant. Comme un algorithme qui vous enferme dans une bulle, vous renforçant dans la conviction que vous avez raison. On clique sur des contenus qui nous rassurent, on interagit avec des gens qui nous ressemblent, et on finit par se déconnecter du reste du monde et c’est exactement ce que nos chers réseaux commerciaux (et de temps en temps sociaux) nous proposent en listant dans notre fil d’actu les idées ou personnes qu’on a déjà liké, lu…
Surtout que nous sommes, pour la plupart, loin d’entendre les voix des minorités, car nous sommes des privilégiés, faisant partie de la majorité qui trust une large part de la parole publique…pour vous en convaincre vérifiez via ce test :
Fréquenter uniquement son cercle, c’est un peu comme être un prince ou une princesse enfermée dans une tour dorée. Regardez les têtes couronnées d’ailleurs, enfermées dans le carcan de leur naissance, elles rêvent souvent d’évasion, d’émancipation, de se frotter à la réalité d’une vie sans privilèges. Mais combien d’entre nous, pris dans notre propre « tour », réalisons que ce confort nous isole ?
Bill Gates l’a bien compris et pour s’éloigner d’un entourage acquis à sa cause, qui l’admire sans le pousser à progresser, il s’octroie régulièrement des “semaines de réflexion” avec des lectures inspirantes de tous genres.
Cet isolement ne concerne pas seulement les familles royales ou les célébrités. Les familles aristocrates, faute de diversité, se noient souvent dans des conventions et des héritages très lourds à porter…et nous aussi à notre niveau avons tendance à nous isoler, “protéger” de ceux qui nous semblent étranger à nos idées.
Rose dans “Le Titanic” en est un parfait exemple
Même l’IA risque bien d’être limitée par un manque de diversité : avec des contenus et des images de synthèse majoritairement générées par elle-même, elle va bientôt tourner sur en rond, faire de la consanguinité de contenu comme une photocopie de photocopie qu’on photocopie….ça finit par dégrader la qualité !
Et oui, en seulement 18 mois, 15 milliards d’images générées par l’IA ont été créées ce qui est plus que l’ensemble des photos prises ces 100 dernières années ! Du sang neuf risque bien d’être critique pour sa survie.
Rester en vase clos, avec un entourage de sosis et peu de monde pour challenger votre vision du monde, c’est aussi un risque : celui de perdre en crédibilité, de devenir inaudible et de voir disqualifier ses idées.
Prenez les personnes engagées dans un mode de vie alternatif, elles sont souvent perçues comme trop moralisatrices et peu ouvertes malgré leurs discours de tolérance affichée et sont souvent marginalisées là où elles aimeraient pouvoir inspirer.
Pour changer le monde, brandir des drapeaux ne suffit pas, il faut s’ouvrir, même aux idées qui nous bousculent. C’est un peu comme au théâtre d’improvisation : il faut apprendre à rebondir, à construire avec les autres plutôt que de s’opposer. Cesser de voir les débats comme des combats, mais comme des occasions de tisser des liens.
Car c’est en étant au cœur DES réalités partagées que l’on peut faire bouger les lignes ensemble.
Je l’ai moi-même vécu enfant avec des parents qui ont fait un choix éducatif radical il y a plus de 40 ans : m’offrir une éducation alternative, celle de Waldorf-Steiner.
À l’époque, Montessori, Steiner et autres méthodes d’éducation alternative n’avaient pas du tout le vent en poupe !
Nous étions pointés du doigt, parfois stigmatisés. Heureusement mes parents ont toujours cultivé l’importance de rester ouverts sur le monde, de ne pas se marginaliser malgré leurs choix audacieux pour garder contact avec les autres façons de voir et de penser, pour rester connectés à la diversité des opinions et ça m’a évité bien des souffrances et railleries que d’autres amis de l’époque ont pu subir.
J’en profite pour vous partager la carte des pensées écologiques parce que l’astuce c’est de chercher activement la myriade d’options sur un sujet et ne pas se limiter à “je suis d’accord / pas d’accord” ou “c’est vrai/faux”.
On y trouve tout et son contraire, de quoi penser contre-soi et tester la robustesse de nos idées !! Oui la robustesse et non la performance, spéciale dédicace à Olivier Hamant 🙂
L’art de la mauvaise fréquentation
Peur de perdre votre crédibilité en fréquentant des gens différents, peur du regard des autres ?
L’art de la mauvaise fréquentation, c’est un passeport vers l’auto-découverte. En osant aller à la rencontre de l’autre, même de celui qui nous hérisse le poil, on commence à comprendre nos propres biais et limites et on réalise vite que nos certitudes ne sont pas des vérités universelles.
Je vous l’accorde, la loi du moindre effort nous pousse à choisir inconsciemment le chemin le plus facile, le plus court même dans les relations sociales. Pourquoi s’ouvrir à quelqu’un de différent, avec qui on devra faire un effort pour comprendre ses opinions, ses valeurs, sa culture ? C’est tellement plus simple de rester avec ceux qui pensent comme nous.
Je vous l’accorde, parfois cette aventure hors des sentiers habituels ouvre à des échanges incongrus qu’il faut savoir savourer au second degré : pour en rire, pensez à la loi de Brandolini dit le principe d’asymétrie des baratins selon lequel « la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter des sottises est supérieure d’un ordre de grandeur à celle nécessaire pour les produire » !
Bon, malgré tout, et si on osait encore plus ?
Soyons clairs : sortir de sa zone de confort, c’est ouvrir sur sa vulnérabilité. Mais c’est aussi la preuve d’une vraie force intérieure. Nietzsche disait qu’il faut porter du chaos en soi pour accoucher d’une étoile dansante. Eh bien, ce chaos, c’est l’altérité. Ce sont ces rencontres qui nous bousculent, nous challengent. Elles sont l’étincelle qui nous fait avancer, qui crée le changement.
Et si le luxe était de kiffer être en dehors de sa zone de confort ?
Ce n’est pas juste une question de tolérance, c’est une question de richesse personnelle. La diversité des rencontres, c’est comme avoir accès à une playlist infinie d’influences !
En plus, il est prouvé que la diversité des interactions sociales a des bienfaits psychologiques : les personnes ayant des liens sociaux diversifiés se sentent plus heureuses et satisfaites dans leur vie personnelle et professionnelle.
Allez, il est temps de se délester des vieilles habitudes, de trier, jeter et ranger les croyances héritées qui nous pèsent. Il est temps d’oser un brin de changement, voire de folie.
Ne laissons pas la peur ou la flemme guider nos rencontres !
Pour ma part j’ai participé à l’opération de BRUT “Faut qu’on parle” avec Laure (que je ne connaissais pas) et à travers des questions clivantes sur lesquelles nous ne partagions pas le même avis, nous avons échangé et enrichi nos visions respectives ! Chouet exercice !
Penser contre-soi est aussi une excellente pratique que j’aime faire : on peut aussi demander de l’aide à Chat GPT pour jouer les sophistes et se faire l’avocat du diable de nos idées préférées par exemple !
Depuis peu j’ai aussi adopté, puisque j’adore chauffer le dance floor vous le savez, « Radio Garden », une plateforme interactive qui permet d’explorer les radios du monde entier en temps réel :
Et là je vous partage une récente découverte, peu utilisée, qui me semble prometteuse : une bibliothèque unique au monde avec des clés de recherche par émotion et enjeux, jetez un oeil ici :
De quoi mettre un grain de folie dans vos journées, non ?!
Fréquenter le passé et le futur…
Être fréquentable après sa mort et fréquenter le passé c’est possible…et pas seulement dans les livres d’histoire !
Faites un tour dans votre cimetière, il peut vous surprendre à plus d’un titre, surtout si vous découvrez un QR code sur une tombe : là c’est toute l’histoire d’une vie à laquelle vous avez accès et le récit du défunt écrit par ses soins ou par ses proches pour transmettre son vécu…à méditer comme idée (peut-être pas le meilleur cadeau pour Noël par contre !)
A moins que vous ne préfériez les deadbots ?
Quand l’IA propose de prolonger la vie d’un défunt de façon virtuelle, ça ouvre certaines questions éthiques mais aussi psychologiques : “faire mon deuil alors que je lui parle tous les jours”, est-ce vraiment facile ?
Cette nouvelle vague d’appli va certainement booster le marché des consultations psy !
Écrire ses mémoires est aussi une façon de se fréquenter soi-même de son vivant et de laisser les autres dont nos descendants profiter de notre expérience, de notre vision et de notre présence d’une autre manière !
Vous l’aurez compris, la fréquentation peut se conjuguer au passé, au présent, au futur, au JE, au TU ou NOUS, selon nos envies et besoins !
+35% dans l’innovation de votre entreprise, ça vous dit ?
La richesse des expériences est un gage de capacité d’innovation au sein d’une équipe.
L’interaction avec des personnes ayant des expériences et des perspectives différentes peut nous aider à apprendre de nouvelles compétences et à développer notre empathie.
Les études sur la diversité des équipes montrent que les groupes hétérogènes prennent de meilleures décisions et sont plus créatifs. Par exemple, une étude de l’Université de Michigan a révélé que les équipes diversifiées étaient 35 % plus performantes en matière d’innovation.
Le courage de la confrontation à l’autre et à ses idées nécessite une culture d’entreprise et un modèle managérial développés et soutenus par une démarche active de la Diversité et de l’Inclusion.
On voudrait tous bien que ça change mais sortir de ses certitudes, de notre rigidité fonctionnelle demande du courage, de la confiance en soi et du soutien en interne.
Petit jeu sans importance pour la fin !!
Dis-moi le mot que tu utilises, je te dirai….
– Quand vous êtes en retard, vous dites “je dois me…” : quel verbe mettez-vous ?
– Vous voulez partager une lecture à un.e ami.e alors vous lui prêter votre…: quel mot utilisez-vous ?
– C’est la rentrée et vos enfants ont pris 2 pointures, vous allez leur acheter des… : quel mot utilisez-vous ?
Quelques exemples de vocabulaire selon le niveau de langage..qui constitue encore un véritable marqueur social 🙂
Après on a le droit de ne pas supporter la confrontation d’idées et préférer maîtriser les échanges : alors adoptez Social AI, ce nouveau “compagnon” numérique et à vous les followers sur-mesure soigneusement programmés pour vous flatter, un espace d’introspection intime sans jugement, un lieu où tester sa rhétorique et affiner ses compétences argumentatives sans jamais affronter la friction des échanges humains réels….bref, des amis en pixels !!!
Et vous qui fréquentez-vous ? Comment vous laissez-vous influencer et inspirer par votre entourage ? Quelle porosité entre vos proches et les inconnus ?
Kaperlipopettement vôtre 🫶
